Mélange suprahelvétique inférieur

Représentation et statut

Couleur CMYK

(0%,0%,0%,100%)

Rang

unité lithostratigraphique délimitée tectoniquement

Usage

Ce terme est en usage.

Status

terme informel

Nomenclature

Deutsch

Unteres Suprahelvetisches Melange

Français

Mélange suprahelvétique inférieur

Italiano

Mélange supra-elvetico inferiore

English

Lower Suprahelvetic Mélange

Variantes historiques

mélange suprahelvétique inférieur (Jeanbourquin et al. 1992)

Description

Description

«polymicte-monogénique» = composé de différentes roches issues d'une même série stratigraphique virtuelle

Hiérarchie et succession

Unités hiérarchiquement subordonnées

• Grès de Samoëns
• Nappe d'Anzeinde
• Nappe du Sex Mort

Âge

Âge au sommet

• Oligocène précoce

Âge à la base

• Oligocène précoce

Méthode de datation

Association très hétéogène de microfossiles (Kindler 1988): nannoflore d'âge eocène et crétacé, dinokystes du Jurassique moyen. Présence de lentilles de Grès de Taveyannaz.

Références

Définition

Jeanbourquin Pascal, Kindler Pascal, Dall'Agnolo Stephan (1992) : Les mélanges des Préalpes internes entre Arve et Rhône (Alpes occidentales franco-suisses). Eclogae geol. Helv. 85/1, 59-83

p.67: Le mélange suprahelvétique inférieur. Ce mélange recouvre systématiquement, ou presque, les unités tectoniques de l'Helvétique. En rive gauche du Giffre (SW de Samöens) et dans le Haut Val d'Illiez (W de Champéry), le MSH inférieur présente deux faciès distincts: - un ensemble inférieur à blocs géants composites (i.e., constitués de plusieurs unités lithostratigraphiques) d'âge jurassique, crétacé et tertiaire (lentilles de type Anzeinde); - un ensemble supérieur avec des blocs du même type que le précédent, mais non composites, auxquels s'ajoutent des lentilles évaporitiques (gypse et dolomies du Trias); ces dernières sont toujours en contact avec le mélange suprahelvétique moyen; on appelle cet ensemble «zone de contact I» (figs. 3, 4 et planche I). A l'exception des secteurs de Champéry et de Samöens, le MHS inférieur est peu épais. Lillie (1937) et Godel (1965) ont donné d'excellentes descriptions des éléments de ce mélange qui comprend: - quelques rares blocs de GT, signalés à proximité du contact basai (arête de la Tenaz, Tête des Saix, P. Kindler, observations personnelles); - des lentilles isolées de calcaires hémipélagiques d'âge Jurassique supérieur, Crétacé inférieur. Crétacé supérieur, ou encore, selon Kindler (1987b), Paleocène inférieur; des blocs géants composites, regroupant plusieurs étages stratigraphiques compris entre le Malm et le Crétacé supérieur. Cependant, pour Kindler (1986, 1988), certaines calcsiltites gréseuses à spicules de spongiaires, longtemps considérées comme étant d'âge Hauterivien, seraient à rattacher en partie au Paléocène supérieur-Eocène inférieur. Toutes ces roches présentent des affinités avec les séries «ultrahelvétiques» d'autres régions (Anatra 1986, Badoux 1945 et 1963, Charollais et al. 1981, Gabus 1958, Guillaume 1957) et ont été attribuées jusqu'à présent à la «nappe d'Anzeinde» (Lillie 1937; Godel 1965). Caractérisés par un détritisme marqué au Crétacé moyen (Anatra 1986), ces faciès évoquent ceux du bassin sudhelvétique qui se retrouvent actuellement dans la partie méridionale de la nappe du Wildhorn (Badoux 1946); - des paquets de turbidites calcaréo-gréseuses, à gravelles dolomitiques et rares éléments cristallins, dont l'âge ne dépasse pas l'Eocène supérieur. Certains ensembles présentent encore une stratification régulière et peuvent être interprétés comme des blocs géants (Loup 1987); d'autres apparaissent très dissociés («broken formations») par la déformation alpine et deviennent alors matrice. Ces roches ont suscité des comparai¬ sons avec les flyschs «ultrahelvétiques» (Homewood 1976), déposés entre les domaines sudhelvétique et valaisan, et avec les grès de la nappe du Gurnigel (Lillie 1937). De Lepinay (1981, fig. 63, p. 151) interprète certaines de ces lentilles (Grès de Samoëns; Lillie 1937, Kindler 1988) comme la continuation des sédiments turbiditiques d'avant-pays. Cependant, cette hypothèse ne nous paraît pas justifiée en raison des grandes différences pétrographiques entre ces dépôts et les GT ou les GVI (abondance de matériel carbonate, pauvreté en clastes volcaniques basiques); - des blocs isolés du faciès précédent parmi lesquels se singularisent des grès quartzitiques à grain fin, parfois glauconieux, présentant une structure en croûte de pain («ôlquartzites»); - des evaporites du Trias et roches associées (gypse rubane, argilites versicolores, dolomies) et leurs représen¬ tants tectono-résiduels, les cornieules. Ces derniers sont toujours superposés aux autres blocs et marquent le contact avec le MSH moyen (zone de contact I). La répartition des blocs décrits ci-dessus, bien que chaotique, montre une certaine organisation. Ainsi, les éléments triasiques sont systématiquement égrenés au sommet du MSH inférieur en contact avec le MSH moyen, mais ne se retrouvent pas dans les parties basses. Les blocs composites et les lentilles turbiditiques apparaissent le plus souvent dans le coeur de grandes structures synformes en position supra-Morcles entre Arve et Giffre (Lillie 1937, p. 42 et fig. 4a de ce travail) et supra-Parautochtone dans le Val d'Illiez (Gagnebin 1928 et 1934b; fig. 4c de ce travail). Mayoraz et al. (1988) ont interprété cet arrangement en cuvette des MSH inférieurs dans le Val d'Illiez comme un paléocanyon oligocène. Bien que l'idée s'avère intéressante, les données géométriques et surtout structurales (Papanikolaou 1982a et b; P. Jeanbour¬ quin, observations personnelles) révèlent que cette interprétation est peu fondée. Les faits favorisent le concept classique d'un pli synforme décapité par les chevauchements préal¬ pins pour expliquer cette structure dont l'intersection avec la topographie du Val d'Illiez est si singulière (Gagnebin 1934 a et b, Godel 1965). La matrice du MSH inférieur se présente en général comme un schiste noir intensé¬ ment clivé et cisaillé, parcouru par de nombreuses veines calcitiques ou quartzeuses. Dans certaines zones moins déformées (partie inférieure dépourvue de lentilles évapori¬ tiques), elle montre parfois un faciès de coulée boueuse («pebbly mudstone», «gravelly mud» ou «muddy gravel»). Le passage entre ce faciès et les parties déformées apparaît graduel. Cette matrice a fourni une association très hétérogène de microfossiles (nanno¬ flore d'âge eocène et crétacé, dinokystes du Jurassique moyen; Kindler 1988) qui témoi¬ gne d'une source multiple de matériel. Ainsi, elle pourrait résulter en partie de la désagré¬ gation (sédimentaire ou tectonique) de faciès marneux (jurassiques, crétacés et tertiaires), de la dissolution de blocs de calcaires marneux (essentiellement du Crétacé), ou encore de la dissociation de fins niveaux turbiditiques. La présence de lentilles de GT à la base du MSH inférieur permet d'attribuer un âge oligocène inférieur probable à l'incorporation des éléments dans la matrice. Cependant, aucun microfossile (foraminifères, nannofossiles, dinoflagellés ou pollens) plus jeune que la limite Eocène-Oligocène n'a été identifié de manière formelle dans la matrice. Nous ne disposons ainsi d'aucun argument positif solide qui pourrait indiquer une éventuelle sédimentation orogénique. Le MSH inférieur peut être qualifié de «polymicte-monogénique» vu qu'il est proba¬ blement composé de différentes roches issues d'une même série stratigraphique virtuelle.